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BIOGRAPHIE DE J ROSA (http://infodoc.inserm.fr/histoire )

Voir aussi un entretien avec Jean Rosa, 11 oct. 2000 (S. Mouchet, J-F. Picard)

Jean Rosa est né le 12 mai 1927 à Paris. Il a mené ses études secondaires aux lycées Carnot à Paris, Pasteur à Neuilly-sur-Seine et Périer à Marseille, et ses études universitaires aux facultés de médecine et des sciences de Paris.
Docteur en médecine
Interne des hôpitaux de Paris (1953-1958), chef de clinique à la faculté de médecine de Paris. (1958-1959), attaché de recherches au CNRS (1959-1961), maître de conférence de biochimie à la faculté de Rouen (1961-1966), biologiste des hôpitaux de Paris et maître de conférence à la Faculté de Paris(1966), professeur à l'université de Paris-Val de Marne (1971), chef de service à l'hôpital Henri Mondor (1980-1993).

Chef du département des sciences de la vie et de la santé au ministère de la Recherche (1982, 1983), directeur de l'unité de recherche lnserm/ CNRS 91 de génétique moléculaire et d'hématologie (1982-1994), directeur de l'institut fédératif de recherche (IFR) n° 10 « Institut Henri Mondor de médecine moléculaire, IM3 » (1994-1996).

Président du conseil scientifique de l'Inserm (1982-1983), président du conseil scientifique (1986-1987), puis vice-président du conseil d'administration, depuis1993, de la Fondation pour la recherche médicale, président du conseil scientifique de l'Agence française du sang (1994-1997).

Professeur émérite à l'Université de Paris - Val-de-Marne.

Membre des sociétés de biochimie, d'hématologie, de génétique, et de l'American Society of Hematology, membre de l'Académie des Sciences (depuis 1995)
Rédacteur en chef des Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, série Biologies.

Grand prix Claude Bernard de la Ville de Paris (1981), grand prix des sciences de la santé (1983), prix Athena (1990), prix de la Fondation Lounsbery des académies des sciences françaises et américaines (1990).

Membre du comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé jusqu'en 2005.

Officier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite et des Palmes académiques.

Travaux de recherche
Les travaux du professeur Jean Rosa ont d'abord porté sur la pathologie moléculaire de l'hémoglobine, puis se sont étendus à d'autres composants du globule rouge puis à d'autres systèmes concernant l'hématologie comme les facteurs anti-hémophiliques.
Jean Rosa a très fortement contribué au grand programme international initié par Max Perutz sur «l'identification du rôle des acides aminés constitutifs de l'hémoglobine(Hb)» par l'étude de ses mutants, et en initiant la technique des études de corrélations structures/fonctions chez l'homme. Plus de 50 variants d'hémoglobine furent ainsi identifiés et caractérisés par Jean Rosa dont certains apportèrent des informations totalement inédites sur les mécanismes qui protègent l'hémoglobine contre l'oxydation de son fer, et sur les possibilités qu'ont certaines mutations de celle-ci à engendrer des polyglobulies. C'est dans le domaine de l'hémoglobine responsable de la drépanocytose que ses résultats furent les plus marquants, où Jean Rosa put isoler un «super mutant» l'hémoglobine Antilles, qui est le siège d'une double mutation, ce qui accentue considérablement sa tendance à la polymérisation. Cette mutation est à l'origine d'un nouveau syndrome, "la drépanocytose hétérozygote", qui détruit le dogme selon lequel cette maladie ne pouvait survenir que chez des homozygotes ou des hétérozygotes composites.

Au cours de ses travaux sur les polyglobulies dues à des hémoglobines à affinité augmentée, Jean Rosa eut la chance de découvrir une polyglobulie due, non pas à une hémoglobine anormale, mais à une mutation d'une enzyme clé du métabolisme de l'effecteur allostérique de l'hémoglobine, la diphosphoglycérate mutase. Cela fut à l'origine de recherches tant fondamentales qu'appliquées qui ouvriront peut-être une voie totalement novatrice pour le traitement de la drépanocytose

Les travaux de recherches de Jean Rosa ont également porté sur le vieillissement moléculaire, recherches qui désormais suscitent un grand intérêt. Dans les années 1960, il avait montré qu'il existait, dans les globules rouges de lapin, une hémoglobine très particulière dont la concentration augmentait avec l'âge du globule. Ce phénomène, décrit sous le nom d'hémoglobine vieillie, tomba dans l'oubli jusqu'au moment ou, plus de dix ans après, la même hémoglobine fut trouvée en quantité accrue chez les diabétiques. En collaboration avec une équipe de spectrométrie de masse du CNRS, Jean Rosa adapta cette technique à l'étude des hémoglobines vieillies et put ainsi caractériser deux formes d' hémoglobine produites par modifications post-transcriptionnelles : l'Hb-glycératée et l'Hb- pyruvylée. Il s'agit là d'un phénomène qui déborde le cadre des hémoglobines et qui pourrait jouer un rôle dans l'apoptose.

Les concepts et les techniques utilisées par Jean Rosa dans le champ de l'hémoglobine et de la diphosphoglycérate mutase ont également été appliqués à d'autres domaines chauds de la génétique. C'est ainsi que plus d'une vingtaine de gène normaux ou pathologiques ont été clonés dans le laboratoire de Jean Rosa, qu'il s'agisse du récepteur de l'hormone de croissance ou de gènes de la synthèse des porphyrines.

En conclusion, les recherches de Jean Rosa se sont inscrites, dès le début, dans une perspective d'approches génétique et moléculaire du système hématopoïétique normal et pathologique, intéressant surtout la lignée érythroblastique. Il a découvert plusieurs nouvelles maladies génétiques du globule rouge et développé plusieurs méthodes de diagnostics prénatals de maladies héréditaires. Ses travaux ont permis de développer le diagnostic prénatal de la drépanocytose, des thalassémies, des hémophilies et de la mucoviscidose, ainsi que de cloner et d'étudier plusieurs gènes importants pour le transport de l'oxygène dans le sang.