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Louis Rapkine 

(voir aussi D. T. Zallen 'The Rockefeller Foundation and French Research, Cahiers pour l'histoire du CNRS, 1989-5)

Biochimiste français d'origine russe, né à Tchichenitch (Russie), le 14/07/1904. Il est le fils d'Israël Rapkine, tailleur, et d'Ida Sorkine qui émigrèrent avec leur famille à Paris (1911) puis à Montréal (1913), loin des pogromes consécutifs à la révolution de 1905.
1921-1924 Entre à l'université Mac Gill (Canada) pour y suivre des études de médecine. Il en sort licencié ès sciences (BSc) trois années plus tard. Les études médicales n'accordant que peu de place à la pratique expérimentale, et les frais universitaires étant élevés au Canada, il décide de poursuivre ses études à Paris. Il y arrive en octobre 1924.
1924 Désirant comprendre les processus chimiques et physiques qui sont au coeur de la reproduction, il commence par se pencher sur le problème de la division cellulaire. Il suit, à la Sorbonne, les cours d'embryologie et de zoologie de Ch. Pérez, ainsi que ceux de M. Caullery sur la parthénogénèse artificielle. Simultanément, il travaille pour subvenir à ses besoins dans le magasin de chaussures d'un oncle maternel.
1925-1930 Séjourne l'été, à la Station de biologie marine de Roscoff, où il réalise ses premières études sur les embryons et les oeufs d'oursin. C'est là qu'il fait la connaissance de M. Prenant, V. Henri, B. Ephrussi, A. Lwoff, J. et D. Needham, G. Teissier, S. Métalnikoff. A son retour, il commence à travailler au Collège de France, dans le laboratoire d'E. Fauré-Frémiet, sur les propriétés chimiques et physiques du protoplasme et la culture des tissus. Il connaît des conditions de vie difficiles, ne prenant qu'un seul repas par jour, s'en privant une fois par semaine pour se rendre aux bains-douches.
1927 R. Wurmser, chef du service de biophysique au tout nouvel Institut de biologie physico-chimique (Paris), l'engage comme assistant. Il y sera nommé chef de service adjoint en 1936. En collaboration avec R. Wurmser, il aborde le problème du potentiel d'oxydation et de réduction du noyau et du cytoplasme de la cellule et montre que la vieille idée qui considérait le noyau comme le centre spécial des oxydations était sans fondement. Il observe que le quotient respiratoire des oeufs d'échinodermes, quelques heures après la fertilisation, est très élevé et qu'il diminue ensuite. Il en conclu, contrairement à Warburg et à Shearer, que dans la période initiale les processus d'oxydations et de réduction sont en rapport avec la synthèse et sans relation aucune avec le phénomène respiratoire.
1928 La Société biologique de France lui décerne son prix annuel pour ses travaux sur l'énergétique du développement de l'oeuf. Il se rend à Cambridge où il rencontre Rutherford, Hopkins, Thomson, Eddington. Il y retrouve les Needham avec lesquels il s'entretient de sujets scientifiques, politiques (marxisme) et religieux (judaïsme).
31/07/1929 Epouse à New York, Sarah Malamud, avec laquelle il aura une fille, Claude, née à Paris, en 1932.
1932 L'Académie des sciences lui décerne le prix Pourat de physiologie. Parallèlement à ses recherches, il poursuit ses études à l'Ecole pratique des hautes études (section sciences naturelles) et à la faculté des sciences de Paris.
07/1936 Avec le soutien du premier sous-secrétariat d'Etat à la recherche scientifique, mis en place par le gouvernement du Front Populaire, Rapkine crée le Comité français pour l'accueil et l'organisation du travail des savants étrangers, en étroite collaboration avec le comité anglais The Society for the Protection of Science and Learning. Il vient en aide à des réfugiés universitaires juifs, allemands ou autrichiens, ainsi qu'à des antifascistes espagnols et portugais.
1938 Publie, en collaboration avec S. Rapkine et P. Trpinac, sa découverte de l'Effet de protection de la cozymase sur les groupements sulphydrilés des déshydrases.
28/09/1939 Obtient avec sa femme la naturalisation française.
01/1940 En attendant son appel sous les drapeaux, il trouve à Londres, un emploi à la Mission française d'achat des charbons.
05-07/1940 Le directeur du CNRS (H. Laugier) le charge d'une mission d'information en Angleterre sur des questions de biochimie. Il reprend ainsi contact avec un groupe de scientifiques, engagés à gauche, qui milite activement pour mener des recherches de guerre. La demande d'armistice à l'Allemagne, puis la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Grande-Bretagne (08/07/1940), mettent un terme brutal à ce projet.
08/1940 Rejoint New York, avec H. Laugier, pour y mettre en place un véritable plan de sauvetage de l'élite des scientifiques français, en collaboration avec la Fondation Rockefeller. Une trentaine de scientifiques et leurs familles, parmi les plus en danger dans la France occupée, en bénéficie.
12/1941 Le général De Gaulle approuve la création au sein de la Délégation de la France Libre à New York, d'un bureau scientifique, dirigé par L. Rapkine. Son but est d'obtenir la participation des scientifiques français à l'effort de guerre allié.
08/1944 Rassemble les scientifiques français exilés au sein d'une Mission scientifique française en Grande-Bretagne, qu'il dirige. Cette mission constitue la première étape vers leur retour en France et leur participation active à la reconstruction.
09/1945 Rapkine retourne aux Etats-Unis négocier avec la Fondation Rockefeller l'attribution de fonds pour le CNRS. Il obtient deux allocations pour une période de trois ans, l'une pour l'équipement en matériel des laboratoires (250.000 $), l'autre pour l'organisation de colloques internationaux (100.000 $).
1946 J. Trefouël, directeur de l'Institut Pasteur, nomme Rapkine chef du service de chimie cellulaire, créé à son intention. Après une interruption de sept années, Il y reprend l'étude des enzymes aux diverses phases du cycle mitotique, les recherches sur le rôle des groupements -SH dans l'activité enzymatique et l'examen du rôle de la dénaturation des protéines dans la division cellulaire. Est élu président de l'Union mondiale des étudiants juifs.
14/03/1947 Nommé Chevalier de la Légion d'honneur.
13/12/1948 Meurt d'un cancer des poumons, à Paris.

D'après la notice rédigée par Diane Dosso et publiée dans Archives Juives, Revue d'histoire des juifs de France, n° 32/2, 1999.
Publications en collaboration avec : J. Brachet, Ed. Chatton, B. Ephrussi, Fauré-Frémiet, R. Lévy, A. Lwoff, D. Sachs, L. Siminovitch, A.P. Struyk,D. Shugar, P. Trpinac, R. Wurmser.

Références biblio. :
- Dosso (Diane), Louis Rapkine (1904-1948) et la mobilisation scientifique de la France libre, thèse de doctorat en épistémologie et histoire des sciences et des institutions scientifiques, Université Paris VII - Denis Diderot, décembre 1998, 675 p.
- Karp (Ben), Karp (Vivian), Louis Rapkine 1904-1948, North Bennington (Vermont, USA), The Orpheus Press, 1988, 167 p.

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