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Georges Schapira, né le 12 août 1912 à Paris et mort le 21 avril 2003, est un médecin pédiatre et chercheur en biologie moléculaire1. Il est marié à Fanny Schapira, elle-même chercheuse en biologie moléculaire.
Biographie
Georges Schapira est le fils d'immigrés russes arrivés en France au début du siècle. Obligé d'arrêter ses études de médecine pendant la Seconde Guerre mondiale en raison des Lois raciales du Gouvernement de Vichy, il fuit à Lyon. Il devient par la suite médecin pédiatre, et s'est tout particulièrement intéressé à l'étude des maladies métaboliques chez l'enfant auprès de Robert Debré. De là découlera son intérêt pour la biochimie puis la biologie moléculaire dont il sera l'un des grands pionniers en France, notamment en créant le courant de la pathologie moléculaire au sein de l'hôpital Necker-Enfants malades. Il crée, en 1969, avec le soutien de Robert Debré et de Jacques Monod, l'Institut de Pathologie moléculaire sur le site de l'hôpital Cochin, qui devient plus tard l'Institut Cochin. Son équipe est alors composée notamment de Jean-Claude Dreyfus et Jacques Kruh, puis par la suite d'Axel Kahn.
Apports scientifiques
Schapira est l'un des premiers à montrer l'existence d'ARN messagers, notamment chez les eucaryotes après leur mise en évidence chez les procaryotes. Il pose également certaines bases moléculaires et génétiques de la myopathie de Duchenne et des dystrophies musculaires ainsi que de la biochimie de l'hémoglobine et de la drépanocytose.
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Mort de Georges Schapira, le père de la médecine moléculaire
Le Monde , 24 avril 2003
Georges Schapira, professeur honoraire de biochimie à l'université René-Descartes - Paris-V, ancien chef de service à l'hôpital Cochin, mort lundi 21 avril 2003, dans sa 91e année, fut sans conteste le père de l'Ecole française de pathologie moléculaire, un terme qu'il avait créé dès les années 1950. Il avait alors été investi par le professeur Robert Debré de la mission de créer un laboratoire de recherche médicale à l'hôpital des Enfants-Malades. C'est là qu'avec son épouse Fanny, et ses deux fidèles compagnons aujourd'hui disparus, Jean-Claude Dreyfus et Jacques Kruh, il créa non seulement un groupe scientifique renommé, mais un courant de pensée vraiment novateur. Premier à occuper la nouvelle chaire de biochimie pathologique, il fonda, à l'hôpital des Enfants-Malades (1959-1968) puis au CHU Cochin (1968-1984), l'Institut de pathologie moléculaire, devenu depuis l'actuel Institut Cochin. Ses travaux pionniers sur les myopathies, la biosynthèse des protéines, le métabolisme du fer, la biologie moléculaire des maladies de l'hémoglobine, l'enzymopathologie, ont jalonné les premiers progrès de la biologie moléculaire appliquée à la médecine. La plupart des biologistes médicaux qui comptent en France et sur la scène internationale ont été ses élèves, ses collaborateurs ou ses correspondants.
HOMME ENGAGÉ
Gravement handicapé physiquement depuis de nombreuses années par une maladie iatrogène, il avait conservé jusqu'au bout son acuité intellectuelle, et suivait avec satisfaction les progrès de la génétique moléculaire et l'avènement de la médecine moléculaire, qu'il avait contribué à fonder. Il travaillait sur un ouvrage de souvenirs intitulé Le Malade moléculaire. Il disparaît peu de jours après l'annonce de l'achèvement du grand projet de séquençage du génome humain. Georges Schapira laisse le souvenir d'un scientifique tourné vers l'avenir et d'un homme engagé épris de liberté, d'un grand patron qui sut ne jamais être un mandarin. Fanny l'aura, dès ses débuts, accompagné et assisté comme épouse et comme scientifique. Toute la médecine moléculaire tient à lui rendre hommage.
Axel Kahn, Institut Cochin